Jair Bolsonaro: misogyne, raciste, homophobe, pro-violence, et président Brésilien

Obtenant 55.2% des voix au deuxième tour des élections présidentielles, le parti de droite connaît une victoire écrasante au Brésil. Représenté par Jair Bolsonaro, ce dernier prend la gouvernance du plus grand pays d’Amérique Latine et promet de mettre fin au mécontentement politique grandissant des Brésiliens.

Considéré comme étant le “politicien qui ose tout”, Jair Bolsonaro a multiplié les discours provocateurs durant sa carrière politique. Accumulant les déclarations misogynes, homophobes, racistes, pro-violence… Le 38eme président brésilien n’a pas peur d’exprimer ses idéaux conservateurs et populistes. Ce dernier, ancien militaire et partisan de la brutalité, séduit les Brésiliens en accentuant l’importance des lois et de l’ordre durant sa campagne; il promet en particulier de drainer le pays de la corruption et de la violence présentes depuis la fin du régime militaire en 1985. Dans un pays meurtri par un historique de régimes autoritaires, les déclarations polémiques de Jair Bolsonaro résonnent pourtant avec la majorité du peuple brésilien.

Aujourd’hui, le taux de déforestation en Amazonie fait du Brésil un des pays les moins écologiques du monde. Au cours des dernières années, une conscience écologique commençait à se construire au sein du pays, cependant, la victoire de Bolsonaro est alarmante pour les défenseurs de l’environnement. En effet, lors d’un meeting à Cuiabá, ce dernier juge que “la politique environnementale est mauvaise pour notre pays”, allant même jusqu’à dire que cette dernière “asphyxie le Brésil”. Selon lui, la présence “de terre indigènes, communautés traditionnelles, de stations écologiques et parc nationaux” empêche le Brésil de se développer industriellement et économiquement, car la construction de nouvelles centrales s’en trouve restreinte. Malheureusement, Bolsonaro a réussi à utiliser l’important taux de chômage – 12% selon l’Institut Brésilien de Géographie et Statistique – pour faire oublier les problèmes de réchauffement climatique: il utilise l’environnement comme bouc émissaire pour expliquer en majorité les problèmes économiques du pays.  Il est même parvenu à mobiliser la plupart des grileiros (accapareurs de terres publiques) et grands agriculteurs en Amazonie.  

Vue satellite de la déforestation en Amazonie 

L’économie brésilienne est actuellement affaiblie. Récupérant difficilement de la récession de 2007, cette dernière est régulièrement ébranlée par des problèmes de corruption. Depuis la fin du régime militaire en 1985, l’économie et la démocratie brésiliennes ont, à plusieurs reprises, été victimes de scandales de corruption impliquant des entreprises privées et des responsables gouvernementaux. Notamment, en août 2016, le pays assiste à la destitution et la condamnation de la présidente Dilma Rousseff suite à un scandale incluant certaines des plus grandes entreprises brésiliennes. De plus, des sanctions sont alors imposées sur les entreprises concernées; ces dernières voient leurs opportunités commerciales limitées, engendrant des effets négatifs sur d’autre entreprises et entrepreneurs brésiliens.

Pour Bolsonaro, la stabilité politique et économique s’accompagne cependant d’un prix. Pour ces opposant politiques qu’il qualifie de “marginaux rouge”, il prévient: “maintenant, le nettoyage sera bien plus grand. Cette bande [référant à son opposition de gauche], si elle veut rester, va devoir se soumettre à notre loi. Ou ils partent, ou ils vont en prison”. L’ancien militaire n’a jamais caché sa nostalgie de la dictature militaire brésilienne, au pouvoir entre 1964 et 1985.  Promettant d’exiler ou d’emprisonner tout politicien corrompu, Bolsonaro prêche la manière forte. Lors d’une interview radio, il va même jusqu’à dire que “l’erreur de la dictature a été de torturer et de ne pas tuer”. Il plaide que la démocratie n’est pas assez efficace face aux fléaux du Brésil, et au contraire, encourage les citoyens à agir : “Les élections ne changeront rien dans ce pays. Les chose ne changeront que le jour où nous déclencherons une guerre civile et ferons ce que le régime militaire n’a pas fait: tuer 30 000 personnes. Si des innocents meurent, ca va. Dans chaque guerre, des innocents meurent”. Alimentant sa campagne politique par le mécontentement général envers l’élite politique et socio-économique brésilienne, Bolsonaro gagne les support des citoyens.  

Manifestation contre le candidat d’extrême droite, Jair Bolsonaro: Leur slogan “Ele Nao“, traduit pas “Pas lui!”, illustre leur mécontentement face aux remarques de Bolsonaro a propos des femmes, de la communauté LGBT, et des personnes de couleur et indigenes. 

En outre, le président brésilien a gagné le coeur de la population en proposant une “solution” pour diminuer la violence et le crime généralisé.  Il se dit déterminé à prendre des mesures fermes pour éradiquer la criminalité nationale. Selon lui, les “bandits” ne peuvent pas être “traiter comme si c’étaient des êtres humains normaux, qui méritent le respect, qui sont victimes de la société”. Au contraire, il se dit fier des conditions d’incarcération au Brésil : “Les prisons brésiliennes sont des endroits merveilleux… Ce sont des endroits où les gens vont pour payer pour leurs péchés et non pour vivre la vie de Reilly dans un spa. [Les criminels] y vont pour souffrir”. Au cours de sa campagne, Bolsonaro a proposé de redresser le problème de sécurité en militarisant la police, en réprimant plus durement les auteurs d’infractions criminelles, et en assouplissant les lois sur les armes à feu. Il revendique haut et fort le besoin de donner aux policiers une plus grande liberté de tuer: “l’agent de police entre dans la favela, résout le problème, et s’il tue 10, 15, 20 [bandits] avec 15 ou 30 balles pour chacun, il doit être décorer et non poursuivi en justice”, car selon lui, “un policier qui ne tue pas n’est pas un vrai policier”. Malgré son discours pro-violence, Bolsonaro est le seul candidat au second tour adressant le problème de la violence au Brésil, ce qui favorise son élection. Comptabilisant 63 880 homicides en 2017, et abritant 7 des 20 villes les plus violentes au monde, le taux de criminalité brésilien ne cesse d’augmenter. Une partie de la population est, par conséquent, prête à tout pour faire diminuer la criminalité présente dans le pays. Selon Matias Spektor, professeur de relations internationales à la fondation brésilienne Getulio Vargas, “Le crime est une préoccupation populaire majeure… et c’est un problème dans tout le pays, touchant toutes les classes sociales, plus particulièrement les plus pauvres”, ajoutant que malgré la nature du discours fou de Bolsonaro, ce dernier parvient à faire passer un “message sur la criminalité”, ce que son opposant au second tour, Fernando Haddad, ne réussit pas à faire.

Durant sa campagne électorale, la position dure et ferme de Bolsonaro face aux problèmes économiques et sociaux du Brésil lui assure le support de la majorité des brésiliens. Or, il est difficile d’oublier son historique de remarques polémiques à propos des femmes, des immigrants, des minorités et la communauté LGBTQ+. En voici quelques exemples :

Sur les femmes :

  • J’ai cinq enfants, mais pour le cinquième, j’ai eu un moment de faiblesse et il en est ressorti une femme.” (2017)
  • Lors d’un échange particulièrement agité avec la représentante au congrès Maria do Rosario, suite à des remarques par cette dernière insinuant qu’il avait inciter au viol, il répond : Je ne te violerais pas parce que tu ne le mérites pas ; Déclaration qu’il justifie plus tard : Je ne suis pas un violeur. Mais si je l’étais, je ne la violerais pas, parce qu’elle ne le mérite pas. Elle est très méchante, et très moche. En plus, ce n’est pas mon genre.” (2014)

Sur les minorités :

  • Il ne peut pas y avoir de politique de lutte contre le racisme et le harcèlement, ça ne peut pas continuer. Tout est apitoiement sur soi. Le pauvre Noir, la pauvre femme, le pauvre gay, le pauvre Nordestino [habitant du Nord-Est du Brésil, région la plus pauvre du pays]. Tout est apitoiement au Brésil. On va en finir avec ça.” (23 octobre 2018)
  • Lorsqu’une une actrice noire, lui demande ce qu’il ferait si son fils tombait amoureux d’une femme de couleur, il répond  Je ne vais parler de promiscuité ni avec toi, ni avec personne. Ça ne risque pas d’arriver, car mes fils ont été bien élevés et n’ont pas grandi dans le type d’environnement qui a malheureusement été le tien.” (2011)

Sur la commauté LGBTQ+ :

  • Bolsonaro se dit incapable d’aimer un fils homosexuel… Je préférerais que mon fils meurt dans un accident de voiture plutôt que de se présenter avec un homme moustachu. (2011)
  • “Ce qui n’est pas possible, c’est qu’un père de famille rentre chez lui et trouve son fils de 6ans en train de jouer avec une poupée à cause de l’influence de l’école.” (2018)

Edited by Salomé Moatti